« L’avenir sera durable ou ne sera pas ! »

Dans l'interview donnée à Transport & Logistiek Vlaanderen que vous trouverez ci-dessous, notre CEO Steven De Bruyn nous en dit plus sur la direction que prend la durabilité chez VPD.

En tant que transporteur, soyez attentif car Steven vous donnera de nombreux conseils sur la façon d’améliorer votre durabilité.

 

Copywrights @Transport & Logistiek Vlaanderen
Interview: Jan Soenen et Céline Heirwegh

 

Au mois d’avril dernier, VPD Transport & Logistics a remporté le prix du Transporteur de l'année au cours des Transport & Logistics Awards. Nous avons donc décidé de nous rendre à Asse avec notre micro, notre caméra et un tas de questions en tête. Ceci nous a conduit vers une conversation fascinante et très instructive avec le CEO Steven De Bruyn.

 

TLV magazine : Steven, félicitations pour votre titre de Transporteur de l'année. Vous vous y attendiez ?

Steven De Bruyn : « Merci! Nous étions très satisfaits du dossier que nous avions constitué. Participer et constituer ce dossier a été pour nous un exercice très précieux. Il convient de prendre du recul et de réfléchir à vos activités passées, présentes et futures. En soi, ce processus était déjà une expérience très intéressante pour nous.

Quand nous avons vu les noms des autres candidats, nous avons réalisé que nous faisions face à une forte concurrence. Nous n'étions donc absolument pas sûrs de gagner. Mais nous savions que nous avions de bonnes chances. Le fait que nous ayons gagné contre de tels noms rend tout ceci très spécial.

En 2018, nous avions déjà participé au Truck Safety Award, dont nous étions sortis vainqueurs. À partir de là, nous avons eu l'ambition et le projet de participer un jour au Transporteur de l'année. »

 

Une ambition qui a un coût

TLV: Le jury a été impressionné par vos ambitions concernant le transport zéro émissions. Pourquoi ce choix d’intégrer la durabilité dans l’ADN de VPD ?

SDB: « Il y a plusieurs raisons. Premièrement, nous savons tous que la logistique a un impact sur les émissions de CO2 et de particules dans les villes. En termes de responsabilité sociale des entreprises, il était logique pour nous de voir ce que nous pouvions faire et dans quels délais. Nous avons donc défini une trajectoire à la fois belle et difficile.

Personnellement, j’attache beaucoup d’importance à l'environnement, et c'est aussi le cas de beaucoup de nos collaborateurs. Nous ne devons pas nous voiler la face par rapport aux questions environnementales, et nous devons prendre nos responsabilités.

 

TLV: Est-ce qu’il s’agit de votre volonté uniquement, ou est-ce aussi à la demande de vos clients ?

SDB: « Certains clients attachent également de l’importance à la durabilité, nous avançons donc de pair. Nous pouvons alors tracer et développer des trajectoires ensemble, ce qui est très agréable.

 

TLV: Avec les clients qui optent pour le développement durable, il est probablement plus simple de répercuter les surcoûts liés à la durabilité du transport ?

SDB: « C'est exact ! Avec d'autres clients, c'est parfois un peu plus difficile, mais ce n'est qu'une question de temps. Nous poursuivons nos plans de toute façon, et tout le monde devra éventuellement faire ce passage. Nous ne voyons pas d'alternative. Nous sommes obligés d’agir dans cette voie, parce qu'il n'y a qu'une seule planète. 

Il est important de bien comprendre le concept de ce surcoût. Nous avons donc fait l'exercice en utilisant The New Drive qui utilise un modèle de calcul de TCO qui permet de comparer le coût des modèles thermiques classiques avec celui des véhicules électriques, sur la durée de vie totale d'un véhicule. 

Le fait est qu'un véhicule électrique coûte beaucoup plus cher à l'achat (deux ou trois fois), mais d’autres éléments rentrent en compte, qui font que les véhicules électriques offrent un avantage par rapport aux véhicules à moteur thermique. Les véhicules électriques nécessitent beaucoup moins d'entretien. Ils ont une durée de vie supérieure, et la valeur de revente est également très intéressante.

Nous n’avons pas l'intention de mettre fin à notre collaboration avec certains clients réticents, nous remarquons également qu’ils sont de plus en plus impliqués. Si nous pouvons démontrer l'impact positif de la conduite électrique, je suis convaincu qu'ils nous rejoindront. En tout cas, nous n'avons pas l'intention de dévier de notre trajectoire. L’avenir sera durable, ou il ne sera pas !

 

TLV: L'industrie automobile est-elle suffisamment prête pour réaliser l'ambition de VPD ? 

SDB: « L'offre est encore relativement limitée pour le moment, mais les choses sont en train de bouger. Nous sommes actuellement dans une période de transition. Tout cela pourra être fait de manière beaucoup plus efficace plus tard, mais nous avons choisi de faire le pas dès maintenant pour mieux construire l'expertise nécessaire. Nous voulons éviter d’arriver au point où nous serons obligés de faire la transition, et de constater que nous ne sommes pas prêts pour cela.

Nous nous préparons donc suffisamment à l’avance pour être totalement prêts quand le moment viendra. À Asse, nous allons garnir notre toit de panneaux solaires en combinaison avec un parc de batteries. De cette façon, nous pourrons recharger nos véhicules la nuit avec l'énergie que nous produisons pendant la journée. Asse servira de projet pilote, afin de pouvoir ensuite déployer le procédé sur les autres hubs. Notre intention est d'installer les panneaux solaires à Asse avant la fin de l’année.

 

Feuille de route

TLV: L'objectif de VPD est d’atteindre 80% de livraisons sans émissions d'ici 2025. Où en êtes-vous ?

SDB: « L'année dernière, nous avons terminé la phase 1 de notre planning. Cette partie n'est pas encore directement liée aux véhicules électriques. Nous avons commencé par cartographier l’ensemble de nos livraisons. Jusqu'à encore récemment, nous effectuions des livraisons dans tout le pays depuis notre hub d'Asse. Mais si vous souhaitez passer à la conduite électrique, ce sont des distances bien trop longues. Avec l'autonomie actuelle des véhicules, ce n'est pas faisable. Grâce à notre exercice de cartographie, nous avons pu délimiter quelles sont nos régions à forte densité.

La première étape a donc été de se rapprocher du client final. C'est pourquoi nous avons déployé un réseau de huit hubs autour des villes où nous livrons le plus. Nous avons déjà réduit de 35 % le nombre de kilomètres parcourus pour les livraisons du « dernier kilomètre » ! En soi, il s’agit déjà d’une réduction importante des émissions de CO2, sans usage intensif de véhicules électriques.

Nous sommes maintenant dans la deuxième phase de notre plan, qui concerne l'achat et l'essai des véhicules électriques. Nous disposons d’une douzaine de véhicules utilitaires légers sur la route. D'ici la fin de cette année, nous mettrons en service notre tout premier camion Volta. Les trois premières semaines feront office de test, en vue de passer à un achat dans le courant de l'année prochaine. Maintenant, nous testons principalement des camionnettes électriques allant jusqu'à 3,5 tonnes. C’est idéal pour nos activités.

Le problème est qu’avec une camionnette électrique de 3,5 tonnes, vous perdez beaucoup de charge utile à cause des batteries. À l'avenir, ces véhicules seront également disponibles dans une variante de 4,2 tonnes, afin que la perte d'espace de chargement puisse être solutionnée. Dans certains pays, ces véhicules peuvent être conduits par des chauffeurs titulaires d'un permis de conduire B. Ceci fait actuellement l'objet de discussions en Belgique, nous espérons que cela pourra également être le cas chez nous. Ceci pourrait vraiment changer la donne !



TLV: Selon vous, quelle technologie a le plus d’avenir ?

SDB: « Cela dépend en grande partie du type de véhicule. Pour les petits véhicules, les moteurs électriques sont privilégiés, et pour les véhicules plus lourds, c’est l’hydrogène. Nous nous sommes engagés à convertir deux de nos camions diesel existants à l'hydrogène. »

 

TLV: Quel est le plus grand défi pour VPD, aujourd'hui et demain ?

SDB: « En ce qui concerne la conduite durable, le défi reste la disponibilité de véhicules adaptés. Les camionnettes plus petites et légères conviennent, mais leur charge utile est insuffisante. Les camionnettes de 4,2 tonnes seraient idéales pour notre activité, mais il faudra attendre encore un peu pour cela.

Dans un contexte plus large, il y a les problèmes liés au marché du travail. Ceci concerne non seulement la disponibilité des chauffeurs, mais aussi des planificateurs, des magasiniers et des employés du back-office. Nous sommes actuellement dans une guerre pour le recrutement des talents. Et nous faisons également face à une inflation galopante. Les coûts qui y sont associés en font un défi de taille. Il est difficile de garder ces coûts sous contrôle. Nous devons évidemment préserver nos marges car nous voulons réaliser notre projet de développement durable le plus rapidement possible. »


TLV: Pensez-vous que votre modèle d'affaires est capable de résister aux fluctuations des prix de l'électricité ?

SDB: « Les prix du diesel fluctuent également beaucoup. Bien sûr, il y a une raison pour laquelle nous avons décidé de produire notre propre électricité. Nous voulons être davantage indépendants. Cette décision nous offrira un tampon de sécurité et une protection contre les fluctuations du marché de l'énergie.

 

TLV: Il n'y aura donc pas de clause électricité, par analogie avec une clause diesel ?

SDB: « Cela dépendra de l'endroit où nous sommes à ce moment-là. Si nous pouvons produire suffisamment nous-même, nous aborderons les choses d'une manière différente. Mais nous devrons peut-être recharger à certains endroits, et nous serons donc encore dépendants du réseau. Il est difficile de répondre de manière précise pour le moment.

 

TLV: Quels conseils pouvez-vous donner aux transporteurs qui souhaitent améliorer leur durabilité ?

SDB: « Il ne s'agit pas seulement de la conduite électrique. Les petits transporteurs comme les plus grands ont la possibilité de faire des choses qui ont un impact positif sur l'environnement. L'investissement de base pour les véhicules électriques est assez élevé, ce qui n'est pas à la portée de tous pour l’instant. Lorsque vous examinez votre business model, vous pouvez identifier des solutions qui ne sont pas toujours coûteuses à mettre en œuvre. Je pense par exemple au réseau de hubs que nous avons mis en place pour réduire le nombre de kilomètres parcourus.

Au sein de VPD, nous avons mis en place une green team dans laquelle chaque service fait des propositions pour une conduite plus écologique. Il ne faut pas s’arrêter à l’investissement très élevé que représente une flotte de véhicules électriques ou à l’hydrogène. Il y a beaucoup de petites choses qui peuvent avoir un impact important.

Un système de planification efficace peut avoir un impact considérable sur le nombre de kilomètres parcourus et sur les émissions de CO2. Actuellement, il existe des sociétés spécialisées qui peuvent aider les transporteurs à améliorer leur durabilité. Cela vaut certainement la peine de les écouter. Il peut aussi être intéressant de coacher les conducteurs concernant leur style de conduite. Nous avons constaté en faisant cela que la consommation moyenne a énormément diminué. Cela ne coûte pas très cher, mais l'impact est énorme.

Nous devons arrêter de penser que nous allons passer de zéro à LA solution idéale. Il y a une trajectoire importante à définir entre le point de départ et le point d’arrivée, et chacun doit donner sa propre interprétation.

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